Les musiques expérimentales c’est tellement vaste que le plus simple est de laisser celles et ceux qui la font nous en parler. On vous propose un nouveau format pour découvrir les musiques expérimentales dans leur grande diversité : une playlist mensuelle sélectionnée par un·e artiste programmé·e, un·e partenaire culturel·le et un·e membre de l’équipe d’ici l’onde. Trois projets musicaux, mais pas seulement, qui leur plaît, les influence, vient de sortir ou a marqué leur esprit.

 

La Playlist #3
Spéciale festival Sonic Bloom
– par les artistes de la tournée Sonic Bloom : Clément Gautheron, Émilie Lafranceschina, Selma Namata Doyen, Pierrick Finelle, Lucie Bortot, Loïc Maily, Elli Conchon, Guillaume Malvoisin

Troisième épisode de ce nouveau format mensuel pour vous faire découvrir les musiques expérimentales dans leur grande diversité avec une dimension exceptionnelle à l’occasion du festival Sonic Bloom. Les 8 artistes invité·e·s sur le festival vous partage un titre musical qui leur plaît, les influence, qui vient de sortir ou qui a marqué leur esprit.

« Un musicien serbe qui vit en Italie, un album qui s’intitule Standalone Episodes qui évoque le titre Dimensional Rupture. Libre à vous de choisir votre interprétation de ces termes qui ont un sens dans mon écoute de ce morceau. »

Clément Gautheron est musicien électroacoustique. Issu du Conservatoire de Chalon-sur-Saône, il développe un travail sonore et performatif. Pour Sonic Bloom, il construit un dispositif sonore pour vélo sur home trainer.

« J’aime profondément cet artiste. Sa touche délicate, ses intuitions fines dans l’agencement de ses objets, son minimalisme gestuel, des hachettes. Voici de la musique que l’on regarde. Méticuleusement. Puissante de sursauts et d’instants d’envergure. De l’un à l’autre, un souffle coupé ou une expiration longue. Un quelque part de Dead Man – Jarmush. Tellement inspirant. C’est un artiste vibrant, on le dit presque possédé, oui, et surtout d’un talent fou à répandre sa fièvre. Sans Chemin, à écouter encore et toujours, un titre percutant, en ce mois de juillet 2024. » 

Après une formation en histoire de l'art et un parcours autodidacte en danse contemporaine, elle se tourne vers l'improvisation et croise des techniques issues du Body Weather, de la danse contact et de la composition instantanée. Elle axe aujourd'hui son travail vers des tentatives d'imbrication du son et du corps en utilisant la course à pied comme source du son tout en l'alimentant par sa pratique du clogging (tap-dance).

« Une expérimentation musicale plus si jeune que ça, mais la répétition et l’exploration percussive et harmonique de ce titre, et plus généralement de cet album de Steve Reich, reste pour moi un objet de transe et d’entremêlement passionnant par la multiplicité de chemins qu’il ouvre à chaque écoute. »

Selma Namata Doyen est batteuse et percussionniste. Elle développe un intérêt pour les musiques classiques, contemporaines et traditionnelles. En 2018, elle se tourne vers la batterie,  pour explorer l’’improvisation et les musiques actuelles, dont le jazz. Elle co-fonde notamment le trio jazz-punk [Na], lauréat Jazz Migration 2024

« Passerelle entre le beatmaking et l’univers de la distorsion sonore expérimentale, un hochement de tête instinctif qui vous vient sauvagement, vous voilà maintenant dans la dimension Abstrakt hip-hop de Madlib. »

Issu du reportage et du documentaire photographique Pierrick Finelle c'est une vision singulière. Son travail en noir et blanc se situe dans la subjective photography.

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« Premier titre de l’album A Visible Length of Light de 2021, On Opposite Sides of Sleep est à l’image des typographies auditives de Léa Bertucci dont la composition traverse l’année instable de 2020, un filet de lumière et d’espoir existe en tout temps trouble… »

Lucie Bortot (aka Luci Schneider) est musicienne, compositrice et artiste sonore. Son écriture sonore combine des éléments « phonographiques » (photographie sonore) issus de la pratique du « field-recording » (enregistrement des environnements), des éléments radiophoniques (travail de la voix sous des formes documentaires, fictionnelles ou musicales) et une pratique de la composition héritée de la musique concrète et acousmatique.

«

Ma découverte de Naked City remonte à mon adolescence, ma première rencontre avec les musiques expérimentales et improvisées. Ce qui m’avait le plus marqué, c’était avant tout la forme. Une grande partie de la musique de Naked City est composée de miniatures dépassant rarement la minute et dans lesquelles la musique peut changer du tout au tout en un instant, à la façon d’un collage en arts plastiques. Il en résulte une musique très dense et impactante, comme si cette contrainte de temps obligeait les musiciens à expulser leur énergie de la manière la plus brut et brutale possible. »

Loïc Maily, guitariste, compositeur, improvisateur, navigue entre musique noise, musique traditionnelle et musique minimaliste. Il développe un jeu personnel dans lequel la guitare classique oscille entre instrument à cordes pincées, frottées et frappées.

« Cet artiste mêle technologie, ingénierie et musique. Ce que j’aime dans ce qu’il fait, ce n’est pas tant la violence du son mais plutôt la manière dont la lourdeur des machines qu’il créé lui-même peut impacter son jeu instrumental, et donc sa manière de composer, qui rend sa musique si lourde, dans tous les sens du terme. »

Attirée par la composition, Elli se nourrit autant de la musique classique que de la musique actuelle. Elle découvre la musique électroacoustique au Conservatoire de Chalon-sur-Saône avec elle la possibilité de poursuivre une approche artistique pluridisciplinaire et narrative. Elle touche à différents domaines et pratique l’improvisation électroacoustique sur son alto.

« Cadiot est un cador touche-à-tout. De la Bible au théâtre. Burger prend en sandwich son amour du blues et des chroniques populaires. Les deux, ensemble, savent ce qu’une langue peut dire. Zo loue naît du Welche alsacien, petite litanie sur une rivière et son territoire perdu. »

Guillaume Malvoisin est auteur, metteur en scène et interprète, il envisage différents langages dont le théâtre, l’opéra, le théâtre musical et l’expérimentation sonore. Par ailleurs rédacteur presse et créateur de contenu, il crée, en juillet 2017, PointBreak, un projet transmédia décliné en revue papier, émission radiophonique et support web. Il est également programmateur.

La Playlist #2
– par Anne Briset, Jérôme Vion et Juliette Tixier

Deuxième épisode de ce nouveau format mensuel pour vous faire découvrir les musiques expérimentales dans leur grande diversité : trois inivté·e·s qui vous partage un titre musical qui leur plaît, les influence, qui vient de sortir ou qui a marqué leur esprit.

Ce mois-ci nous avons invité Anne Briset, musicienne de l’ensemble Batida en résidence cette semaine, Jérôme Vion, artiste intervenant sur le projet « Groupe d’action sonore » pour Jours de Fête à Fontaine d’Ouche, et Juliette Tixier, chargée des publics à ici l’onde.

« C’est un extrait de concert, auquel je n’ai pas eu la
chance d’assister mais que j’ai découvert à travers l’album Wanabni. Ce qui me plaît d’abord, c’est la découverte
d’un son que je n’avais jamais entendu. Dans le sens où j’ai l’impression d’ouvrir une nouvelle porte...
Ce duo a créé son propre son à la croisée de leurs propres univers musicaux. C’est aussi un duo qui s’écoute, qui respire d’un même souffle. 
Une invitation au voyage... Très beau !
À noter que ce duo devient aussi parfois trio avec la contrebassiste Sarah Murcia, à découvrir absolument ! »

Anne Briset est percussionniste. Elle collabore régulièrement avec ici l’onde, qui l’accueille cette année pour deux résidences avec l’Ensemble Batida.

« L’œuvre qui me vient spontanément à l’esprit c’est l’album Le trésor de  la langue de René Lussier, sorti en 1989. Pour moi cette musique résiste au temps, j’y reviens régulièrement et j’y découvre toujours quelque chose de nouveau. Dans la distribution, en plus de Jean Derome, le complice de toujours, on retrouve Fred Frith et Tom Cora qui tournaient à la même époque leur fabuleux duo d’hommes-orchestre Skeleton Crew (dont je vous recommande également l’écoute). Ce fut mon premier contact avec la musique microtonale et la musicalité de la parole qui est au centre de mes recherches actuelles. C’est aussi un impressionnant travail de dramaturgie musicale, conçu à partir de documents d’archive et d’enregistrements de terrain, mettant en dialogue personnages historiques et simples quidams à travers diverses temporalités. En voici un extrait, certainement le plus emblématique et la porte d’entrée idéale vers cette œuvre que je vous invite à (re)découvrir au plus vite ! » 

Jérôme Vion est musicien et pédagogue. Il travaille avec ici l’onde sur des actions pédagogiques, notamment le Groupe d’Action Sonore, un projet de percussions urbaines avec les habitant·es du quartier de la Fontaine d’Ouche.

« Lors de notre passage en équipe au festival Sonic Protest en 2023, j’ai assisté au concert d’Asher Zax, programmé juste après la performance de Nicolas. Je me souviens d’entrer dans la salle de concert de Mains d’Œuvres, plongée dans une obscurité presque totale, à l’exception des lampes de pupitre des interprètes. Une salle comble, et surtout un niveau sonore assourdissant. J’ai commencé à sourire, parce que je sentais que c’était déjà, au bout de quelques secondes, une belle claque sonore. Je me suis assisepar terre contre un mur au fond de la salle, j’ai fermé les yeux et je me suis laissée traverser par des « prrrr », des « shrrrr » et des « bzzzz » dans tous les sens et très fort, par la voix de Meira Asher égrenant des phrases laconiques, post-traitées, répétées, intégrées à cette masse sonore faite d’une multitude de détails.  J’aurais aimé que ça dure encore plus longtemps.
Une très très très agréable grosse claque. »

Juliette Tixier est chargée de la communication et des publics à ici l’onde depuis six ans. Elle est aussi passionnée d’orthographe et apprend à faire du vélo.

La Playlist #1
– par Christine Bertocchi, Clément Lebrun et Nicolas Thirion

Pour cette première playlist, on a invité aux côtés de Nicolas Thirion (directeur artistique d’ici l’onde), Clément Lebrun (artiste médiateur) et Christine Bertocchi (Cie D’un Instant à l’Autre) à l’occasion de la formation « Médiation et création sonore » organisée et animée par eux deux, en partenariat avec ici l’onde et La Coursive, les 2 et 3 mai à Dijon.

« J’ai d’abord découvert ce film par extrait dans le documentaire de Peter Greenaway sur Meredith Monk dans la collection « four american composers », très beau coffret sur des compositeur·rices américain·es de la tendance musique répétitive. J’avais été touchée par cette pièce fantomatique, hypnotisante et quand Meredith Monk m’a invitée a passé du temps chez elle à New-York en 2012, elle m’a ouvert ses archives et j’ai pu regarder le film en entier, aussi bien sa version scénique que filmique. J’ai été fascinée par ce film que je trouve dingue, énigmatique, très chargé émotionnellement. J’adore l’installation du début, les matières sonores et la façon dont la caméra évolue des mains du claviériste vers les chanteur·euses. Ce n’est pas uniquement de la musique répétitive, il y a une sorte de folie, notamment dans les solos vocaux, avec des vocalités très étendues. On ne sait pas dans quel pays on est, dans quelle culture on est, comme affranchi·es de cette identité nord-américaine. J’aime beaucoup ce dialogue entre la structure très ferme, très millimétrée et la folie intérieure qui s’exprime et se propage. »

Christine Bertocchi est une artiste pluridisciplinaire,
principalement chanteuse, pédagogue et codirectrice
de la compagnie D’Un Instant à l’Autre, à Montbard.

« Timothée Quost est un des musiciens qui m’a le plus marqué ces dernières années : un parcours complet (du jazz à l’écriture, de l’impro à la noise), un militantisme dans la création à toute épreuve et une personne qui rend curieux ! Avec l’ensemble Liken, j’ai l’impression d’avoir trouvé un souffle nouveau qui bouscule tout ce que j’essaye de bousculer depuis des années. Ici, les frontières entre écriture et improvisation, musique « contemporaine » et noise music, performance et composition, acousmatique et souffle vibrant sont totalement chamboulées : on a juste une bande de jeunes musicien·nes totalement libres qui offrent à voir et à entendre une énergie qui me réanime à chaque fois, sans catégorie stylistique ou esthétique en tête, juste le plaisir de faire du son ensemble. L’un de mes meilleurs concerts cette année et que j’ai eu la chance de voir dans le lieu que je co-dirige actuellement : le DOC, en Normandie. » 

Clément Lebrun est bassiste, trompettiste et chanteur, co-directeur du DOC et de l’OMEDOC, ensemble de musiques expérimentales en Normandie et co-créateur de Musiques en jeu(x) - LE KIT.

« Claire Rousay est une musicienne canado-américaine qui compose habituellement de la musique expérimentale à base de field recording, d’enregistrements de sa vie quotidienne. Elle vient de sortir un album très étrange et très beau, Sentiment, une sorte de folk avec des voix autotunées. Je suis hyper fan ! »

Nicolas Thirion est musicien, compositeur, pédagogue et directeur artistique d’ici l’onde.